samedi 17 octobre 2009

De quoi je me mêle : Dadiscalement vôtre

Jadis, c’est nous qui étions écoutés et c’est à peine si les grandes oreilles à l’autre bout du fil ne nous disaient pas d’être brefs dans nos conversations parce qu’elles ont d’autres chats à fouetter. Grâce à la révolution technologique cependant, j’ai pu glisser une pastille dans les bureaux de deux grands démocrates du continent. Bien sûr, toute ressemblance avec des faits et des personnages connus est fortuite. La transcription de l’écoute donne à peu près ceci :
- Tu me crées des ennuis, fiston, on m’avait oublié mais voilà qu’à cause de toi, la Cedeao convoque une réunion contre nos deux pays. Moi, je n’ai pas tué, je n’ai pas violé…
- Moi, non plus. Je n’étais même pas au stade.
- C’est aux juges de la CPI qu’il va falloir le dire, fiston, tu joues avec le feu.
- Non, c’est plutôt l’ opposition qui joue avec le feu car le feu, c’est mon armée qui l’a.
- Mais, tu as déjà dit que tu ne tenais pas l’armée. Voilà ton problème fiston. Pour la communauté internationale, si tu ne tiens pas l’armée, tu t’en vas. En plus, aller le reconnaître sur Rfi, cette boîte à intox. Tu vois moi ce que j’ai fait à cette station ? Emetteurs coupés, correspondants en prison…
- Vous avez l’uranium vous. Et nous, on vient juste de le découvrir, mais c’est le gisement le plus important au monde. Mon pays, vous savez, est un scandale géologique.
- Pour l’instant, malheureusement, votre scandale à vous n’est pas géologique.
- Papa, sauvez-moi. Je suis votre fils.
- Ah non, ton papa c’est l’autre, tu l’as dit toi-même.
- Il ne prend même plus mes appels. On m’avait, pourtant, prévenu contre les présidents civils.
- Ah lui, c’est autre chose. Mais je t’ai appelé pour te demander d’arrêter de comparer ta situation à la mienne. Tu empêches la communauté internationale de m’oublier et ça ce n’est pas gentil.
- Mais c’est la vérité. Chez toi c’est pire. Moi je n’ai pas dissous le parlement, il était périmé. Je n’ai pas dissous la cour constitutionnelle. Je suis même contre la présidence à vie.
- Cherche à te faire élire d’abord et à échapper à la justice internationale, c’est le conseil que je te donne, en tant qu’aîné !
- Quel aîné ? Nous sommes homologues et mon pays est fier. J’ai la probité morale, l’intégrité, le patriotisme, l’humanisme, la considération et le respect de mon peuple. Et ne vous avisez plus jamais de m’appeler.
- Je me plaindrais auprès du facilitateur…
- Lui ? Allez-y. Mon pays est souverain. Et si je suis poli, j’ai une grande culture politique. Je sais qui est qui, qui a fait quoi, et quand.
Adam Thiam

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