samedi 17 octobre 2009

Accusé Modibo Sidibé, levez-vous !


Dans la dimension et la visibilité qui lui ont été données, la visite du Premier ministre aux services dits de l’assiette est bien un précédent. Habituellement, une convocation par le Chef de l’Administration des responsables de ces services ainsi que de leurs ministres suffit. Or ce chef n’est autre que le Premier ministre. D’où les commentaires suscités par cette visite et venant de trois catégories d’acteurs : les plus conservateurs, les plus pessimistes et les plus animistes d’entre nous. Les conservateurs voient dans l’exercice griffé Modibo Sidibé, une banalisation de son statut de Chef de gouvernement parce que «la montagne ne va pas vers ses obligés, c’est plutôt l’inverse qui sied». Ce procès passe par pertes et profits et la démarche d’humilité et celle de pédagogie qui la sous-tendent pourtant, mais tant pis, la culture du tout à l’égout ne fait pas de quartier. Les pessimistes appréhendaient les effets boomerang de cette tournée par ces temps dits de grisaille qui n’en finissent pas, mois après mois, d’aligner avis de tempêtes et cessations de paiement. Tout l’exercice courait donc le risque d’être contre-productif. L’animisme qui propose une âme et une finalité à tout croit également avoir compris le manège car, si en dépit de la mauvaise météo, le flegmatique officier s’est risqué dehors sans gyrophare ni parapluie, c’est qu’il avait des cartes en main. C’était quoi ces cartes ? Une situation, certes pas rose, mais en nette amélioration, avec chiffres et encouragements à l’appui. D’ailleurs, Il n’eut pas le propos triomphaliste mais Modibo Sidibé fit savoir que les lignes bougent dans le bon sens, depuis juin 2008 et juin 2009 où son patron en parla publiquement et depuis l’interpellation, il y a quelques mois, du ministre des finances sur la tension de trésorerie qui frappe le pays. Il veut donc prouver qu’il a des résultats et cette pression du bilan s’expliquerait par le fait que le Premier ministre est sur un poste éjectable en ce moment où tous les signaux annoncent un profond remaniement gouvernemental. Or s’il partait maintenant, le «dauphin» présumé ne pourrait être qu’un ex futur. Méchantes conjectures dans une conjoncture qui n’est pas plus gentille. Mais c’et incontestable : l’exercice du Premier ministre avait une dimension de com qui est de nous convaincre que le pays n’est ni arrêté ni morose et que malgré les écueils du parcours, le Mali émergent reste son cap et son contrat avec son patron. Est-il entendu ? Pas partout et pas totalement. Car pendant que Modibo Sidibé relativisait, un mauvais pingpong continuait. D’abord entre la BHM et son très teigneux client Waic, cette fois-ci défendu par pas moins que l’Ambassadeur d’Allemagne. Pourtant, les autorités de cette Banque, lorsqu’elles sont approchées, assurent qu’il n’y a aucune trace du paiement des 18 millions d’Euro qui ont justifié la sortie très peu ordinaire du diplomate allemand. La clarté et toute la clarté sur cette affaire ne peut être qu’un plus car elle «communique» sur le pays autant que Sidibé aux impôts, à la douane ou au Trésor. Même chose ensuite pour le feuilleton pro et anti Amadou Abdoulaye Diallo qui aurait prêté à rire s’il n’était pas simplement humiliant pour une République et s’il n’avait pour enjeu le bien-être des Maliens. Un coup, le ministre est bien parce qu’il a eu le courage de démanteler cette sorte de franc-maçonnerie des exos, ce qui aurait provoqué la baisse notable du prix du sucre que même le président de l’Assemblée nationale a saluée à cette rentrée parlementaire. Un coup, il est pourri car le prix des denrées de base, notamment du sucre a été particulièrement inclément ce mois de ramadan, en dépit du show télévisé des mêmes dignitaires des subventions publiques. Or, au-delà de ses membres, c’est tout le gouvernement que cette affaire expose. La pratique monopole de fait, une hérésie en économie de marché remonte à bien avant l’arrivée du ministre Diallo. Or, c’est clair non seulement qu’en économie de marché, c’est une hérésie mais que la franc-maçonnerie des exos n’a pas toujours honoré ses engagements. L’affaire, par ses dérapages pourrait laisser la triste impression que nos gouvernants n’ont pour nous que de la fausse compassion. Cette guerre doit cesser car elle relève du mépris à l’égard d’une nation qui ne doit rien à aucun homme d’affaire, si puissant soit-il et quels que valent ses protections, les sauf-conduits dont il se prévaut et les passe-droits qui lui sont accordés. Et puis, les résultats d’un gouvernement sont des résultats d’ensemble ou alors ce n’est pas un gouvernement. Ce ne sont là ni des propos de conservateur, de pessimiste, ou d’animiste mais d’une quatrième couche de citoyens omise plus haut : ceux qui réclament autant la visibilité que la lisibilité. Donc le plus difficile.
Par Adam Thiam

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