samedi 17 octobre 2009

Coup de grâce

Reste t-il à notre démocratie encore un peu d’honneur ? Si oui, ce n’est pas grâce au parlement dont des honorables élus, comme viennent d’en faire état nos confrères de l’Aurore et du 22 septembre, ont cherché le week-end, à régler leurs différends à l’arme automatique et au jet de babouches. Sans parler de tous les noms d’oiseaux débités et entendus. Peu importe l’affiliation de ces députés : ils souillent globalement la démocratie à laquelle ils doivent leur titre. C’est le Mali qu’ils humilient. Et ils installent un précédent fâcheux : la menace d’exécution extra judiciaire portée contre par ceux qui sont élus pour faire nos lois et les faire respecter. Des sanctions tomberont-elles ? Improbable. Ici comme dans d’autres cas, la palabre africaine dédramatisera l’affaire. Celle-ci est pourtant très grave et elle est d’autant plus grave qu’elle naît d’une guerre abjecte pour des postes au sein de l’imminent Bureau de l’Assemblée nationale. Les valeurs se délitent et le drame se constate dans tous les segments de la nation. Nous ne le savons que trop et il ne faut pas mettre à l’index le seul parlement. Surtout qu’il reste à notre pays donner à cette institution le rang et le rôle dont elle a besoin pour être le moteur d’une démocratie solide reposant sur des animateurs qui ne sont pas là par hasard, par défaut, par népotisme ou par clientélisme. Le parlement devrait être au Mali démocratique ce qu’est la sève à l’arbre. Or, on en fait son boulet. Pire, dans la foulée de la triste mésaventure du code qui est, en vérité, l’histoire de plusieurs ruptures, le coup des députés flingueurs signifie qu’un autre point d’achèvement sur le point d’être atteint : la liquidation totale du projet démocratique. Question donc : les martyrs sont ceux qui ont été flingués en mars 1991 ? Et réponse : non, ceux plutôt que le sort oblige aujourd’hui à témoigner de faits qui n’auraient jamais dû être.
Adam Thiam

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